Bratislava 68, été brûlant

Un roman de Viliam Klimacek traduit par Richard Palachak et Lydia Palascak et publié aux éditions Agullo


Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le « socialisme à visage humain » : un vent de liberté souffle sur le pays. 
Cet été là, Petra termine de brillantes études de médecine à Bratislava. Son amie, Tereza, fille d’un rescapé des camps de concentration, séjourne dans un kibboutz en Israël pour renouer avec sa culture juive. Jozef, pasteur défroqué pour avoir refusé de dénoncer des paroissiens auprès du Parti, fait ses premières armes à la radio. 

Dans la nuit du 20 au 21 août, tandis que les tanks soviétiques envahissent la ville, le destin de ces trois personnages et de leurs familles va basculer. Pendant quelques heures, la frontière avec l’Autriche reste ouverte, Vienne est à une heure de train. Chacun devra alors faire un choix : partir ou rester ? Fuir la violence ou résister à l’oppresseur ?


Sous les pavés, la plage

1968 – si cette année nous évoque des pavés et des affrontements – elle résonne, dans ce pays alors nomme Tchécoslovaquie, avec un écho dramatique. 

Alors que les dirigeants communistes commençaient une politique d’ouverture nationale, les chars de plusieurs « républiques sœurs » entrèrent dans la ville.

Le grand frère russe ne voyant pas d’un bon œil les velléités d’émancipation. 

Cette intervention mit un coup d’arrêt à l’ouverture qui se dessinait. 

S’engage alors des instants cruciaux et surtout une décision capitale à prendre pour les tchécoslovaques : risquer de rester chez soi, d’affronter les conséquences de cette occupation russe ou prendre le risque de tout perdre en partant à l’étranger. 

C’est à ce choix que seront confrontés plusieurs membres d’une même famille. 

Ce roman m’a tout d’abord beaucoup déconcerté par le style : une succession de courts chapitres, où le narrateur invective directement le lecteur. J’avais l’impression de rester à l’écart de ce récit.

Et puis, petit à petit le pages ont défilé. J’avais envie de savoir ce qu’il allait arriver aux personnages du roman. 

L’auteur ne se concentre pas tant sur les événements internes à la Tchécoslovaquie, qui restent survolés, que sur le destin des migrants.

Comment se reconstruire une vie quand il faut tout reprendre à zéro, comment trouver la paix quand on a le sentiment d’avoir abandonné les siens. 

Un roman qui pourra dérouter certains lecteurs mais qui a su, au final, me séduire surtout qu’il résonne avec l’actualité. 


« Les tenailles entre les communistes et les non-communistes commencèrent à s’ouvrir. Il ne s’agissait pas de se comprendre un jour, ça non. La réconciliation entre victimes et criminels est impossible. Dans le cas de ce parti criminel qui a envoyé des dizaines de milliers de personnes en prison et en camps de travaux forcés, trimer dans les mines d’uranium, cette idée est inconcevable. Mais en août 1968, les adversaires du régime soutinrent les communistes parce qu’il semblait que ces derniers regrettaient sincèrement les crimes des années cinquante, et que le nouveau gouvernement souhaitait réellement une amélioration. »

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